dimanche 15 février 2009

Saint Papillon du Camer.


La posture était osée. Présenter un ouvrage un 14 février alors que toute l'attention des Camerounais est focalisée vers les Camerounaises. Ah oui, cette fameuse et "fumeuse" Saint Valentin qui fait couler tant d'encre et de salive. Y a qu'à lire la presse ou à écouter les news flash de la radio ou encore regarder la TV. Au journal de 20H, la CRTV annonçait que les fleuristes ont fait une bonne affaire en ce jour. Très bien, qu'ils commencent par embellir nos artères et ce sera la Saint Chiffre d'Affaire pour eux tous les jours.

Au CCF Blaise-Cendrars de Douala, il y avait les amoureux. Les vrais. Les amoureux de ce pays. Les amoureux qui ont mal tous les jours du balckout dans lequel est plongé leur pays. Les amoureux du changement amorcé par un écrivain (dont un professeur lisait les narrations à tout le Collège Libermann), Lionel Manga, qui enfin nous ouvre les yeux et nous édifie sur ce Cameroun que nous vivons tous les jours sans en savoir que dalle. On peut se dire, enfin, y a quelqu'un qui écrit pour un public de son temps comme le faisait Mongo Béti en son temps. Lionel Manga nous fait découvrir mile et une facettes de ce pays fort chéri, ce pays plein de contradictions et catalyseur de désastre, à travers les oeuvres de plasticiens Camerounais peu connu de la scène culturelle camerounaise.

Pourquoi sont-ils si peu connus ces artistes qui peignent si pertinemment le Cameroun? Parce qu'on les cataloguent dans une sphère à laquelle ils ont du mal à appartenir : l'art contemporain. Avons-nous une étude sérieuse de l'histoire de l'art au Cameroun pour ranger Sumegne, Lindou, Spee, Leye, Wouété, Yamguen, Komegné, Wokmeni dans le régistre art contemporain? Nos artistes plasticiens sont intemporels, ils sont un tout qu'il serait misérable de les cataloguer. Nos plasticiens, aussi talentueux soint-ils sont de joyeux ghettosards qui paradoxalement sont mieux connus des happy few que de la masse. Nos artistes plasticiens sont bavards mais démunis de toute parole parce que la culture de l'esthétique, du goût au Cameroun relève de la chimère. Comme le dit si bien l'auteur, Lady Ponce ne fait que poncer. Moi j'ajouterai que Clarisse Valéry ne fait que Wopser et pourtant ces deux artistes sont plus exposées que toute la fratrie plasticienne camerounaise réunie.

L'Ivresse du Papillon redonne cette parole aux plasticiens. L'Ivresse du Papillon montre à quel point ces artistes sont actuels, dans l'air du temps. L'ivresse du Papillon nous plonge dans ce vécu quotidien dont s'approprie nos plasticiens. L'écriture est belle, engagée, enragée, trépidante, métronomique, plaisante. On a envie de croire en ce pays. On a envie de se dire que le regard des artistes reste le plus pur qui soit pour nous projeter dans l'avenir sans illusions.

Lionel Manga est un fou furieux de franchise et de force. Un écorché vif qui en veut et redemande. Un insatiable causeur que le public des amoureux massés au CCF Blaise Cendrars de Douala ont découvert. Un showman qu'on a du plaisir à écouter parce qu'il dérange, bouscule et fonce parfois sur les portes ouvertes qui à nos yeux restent fermées, un libre penseur qui a des projets plein la tête, un irrésistible papillon qui est entré, à 54 ans, dans l'éternité.

L'Ivresse du papilon n'est que le début d'une longue ascension créatrice et vivifiante qu'on n'arrêtera plus. Bonne lecture

lundi 9 février 2009

La maison de prod.






Depuis plus de 10 ans le studio Jowice marque de son empreinte l'univers de la publicité au Cameroun. Est-il exagéré de dire aujourd'hui que cette maison de prod. est le dépositaire de plus de 80% des productions radio et TV de ce pays? Honnêtement, je dirais non. Parce qu'on n'y verrait qu'un studio qui a une position dominante sur le marché.

Au début de l'aventure, Jowice c'était juste un petit local destiné aux enregistrement des sons pour les chanteurs du coin. Un studio parmi tant d'autres à un moment où Dobell faisait référence.

Et puis, PAF! L'idée de se positionner comme maison de prod. offrant un large spectre de services aux agences et aux annonceurs : conception des jingles, spots radio, film et animatic TV, mini docus et même clips vidéo en dilettante. Ce qui est intéressant avec Jowice, c'est sa capacité à se renouveller tant sur le plan technique que sur le plan de l'acccompagnement des créatifs agences. C'est le seul du marché capable de challenger les créatifs (à juste titre). Dans une sphère où les créatifs agence sont de plus en plus portés vers le print que l'audio visuel, on a envie de regretter les premières heures de la pub dans ce pays dès les années 1986 à 1998 où le tout-télé tirait la profession vers le haut. Aujourd'hui, c'est le tout print : le conventionnel et le sauvage, le grand format et le petit format, le beau et le moche. Bref, nos murs sont le reflet d'une société qui tellement de choses à montrer aux autres au méprisde l'esthétique publicitaire et même au mépris de l'esthétique urbain.

Jowice est aujourd'hui récompensé, à juste titre. Le spot TV plebiscité par les téléspectateurs en 2008, selon Comnews est bien une production de la maison Jowice. Avec la technologie HD, il va de soit que le studio a de beaux jours devant lui pour que agences et annonceurs aient un moindre souci de l'excellence. Le public camerounais, féru de TV, le mérite bien.

Just One Question...



Je kiffe trop le Brr...

Francho, c'est une belle campagne. Le film TV est parfait, la radio toujours aussi engageante, l'affichage super enjoué! Bravo mon Coca. Le Brr quelque chose de nouveau. Pour ceux qui n'ont pas remarqué : la fameuse et sempiternelle bande (ou rayure ou zébrure) rouge et blanche a disparu définitivement du branding Coca-Cola. Notre génération vit une nouvelle ère qui malheureusement commence avec une crise financière d'envergure. En tout cas, notre Coca est dépouillé, plus frendly et plus dans l'air du temps. Aux States, Coca-Cola est dans l'ère "Open Hapiness" mais par ces temps de grosse chaleur "humaine", un peu de Brr, ça aide!!

Mais alors, la grande interrogation reste la promo qui a précédé cette belle campagne. Par quel miracle on pense qu'une action BTL peut prendre le pas sur une action ATL? Les 2 se complètent. Je pense que ceux qui ont joué à la tombola l'ont fait par pur réflexe même si à la clé y avait des fridges à gagner. Bof, tout le monde en a un non? Les glacières seraient plus Brr-esques.

Pelforth contre Pelforth (Pour les amnésiques)




Pour ceux qui seraient frappés d'amnésie. Une campagne n'effacera jamais une autre. Les nostalgiques doivent se dire qu'à leur époque, la pub était plus honnête et les bières plus goûteuses.

dimanche 8 février 2009

Les agences...Quelle engeance parfois!!?!

Les sorciers de la pub affichent fièrement leur 5 ans d'existence au Cameroun. Bravo! Il faut tout simplement souligner la cohérence de leur stratégie média. En février (ou mars) 2004, lorsqu'ils arrivaient au Cameroun, ils tambourinaient fièrement et par voie d'affichage (assez spécial pour l'époque. Si je ne me trompe pas, ils furent les premiers à expérimenter les panneaux Présence Plus) : Les sorciers de la pub sont là. L'approche ne manquait pas de piment et faisait franchement rigoler dans tous les couloirs des autres agences de pub. Les sorciers, bien connus pour avoir pondu le non moins fameux film publicitaire panaf de Orange (vous vous rappelez le film avec ces gosses qui courent dans la rue l'air franchement heureux?), affichaient surtout leur ambition de conquérir le budget Orange qui, il faut le reconnaitre, avait besoin d'un nouveau souffle. Quelques mois après leur installation Rue Drouot à Douala, ils faisaient parler d'eux avec la 1ère Edition de Miss Cemac (pardonnez-moi si je me trompe, mais c'était bien un concours de beauté). En 5 ans, que de chemin parcouru! Cela mérite de se la jouer star en s'affichant sur des 4x3m placés dans les carrefours les plus bondés de la ville (de Douala).

Si les sorciers pubars peuvent bien afficher leur tronche qui n'a pas pris de rides, on a un peu du mal à comprendre pourquoi les Créateurs d'Idées trouvent original d'afficher leur tronche sur la sympathique campagne Nosuca. Ah oui, au nom de quel réalisme, les agences sacrifient la gueule de leurs personnels pour porter les messages des produits qu'ils servent? On est pas loin de la dérive hélas... En 2006, McCann mettait en scène les mines de leurs créatifs pour exprimer l'esprit "fan de foot." Bien sûr, on était bien dans la déferlante Can/Coupe du Monde 2006. Mais bon!!

Dans les années 90, NelsonMcCann, par voie de presse, pleine page noir et blanc, exposait subtilement chaque membre de l'agence. Au-delà de l'image ou du coup marketing gratuit, l'approche permettait de décrire le rôle de chaque compétence au sein de l'agence. Il y avait au moins quelque chose de sain dans cette approche et les chef de pub, directeur de clientèle, directeur artistique, directeur de création, chargé de la production se sentaient vraiment valorisés sans être uniquement des potiches délurés qui ont plus à coeur de se faire plaisir que de communiquer le plaisir de faire leur travail.

vendredi 6 février 2009

Détendu du mobile...



Un pas de plus dans (l'affichage) ou devrais-je dire pub mobile avec ces nouveaux supports roulants. Sauf que la nuit, ces luminaires restent étonnamment "éteints."

Douala ville lumière, c'est pas pour demain la veille.

Crise identitaire?


La culture populaire nous enseigne des tas de trucs indélébiles que nulle publicité ne saura effacer. A moins de se lancer dans une longue bataille ruineuse qu'on gagnerait certainement au bout de 2 à 3 générations. C'est un peu comme si on rasait un cimetière pour y bâtir des logements en espérant que les gens accouraient. Seigneur, habiter sur un cimetière?

Entre autres ce que nous enseigne la culture populaire, on note par exemple que le bon scotch est écossais, le croissant et même la gastronomie raffinée (vin, moutarde, champagne) sont bien français, Coca-Cola est américain, l'horloge est suisse, la corrida est espagnole, le foot et le pudding sont anglais, le spaghetti ou même la pizza sont italiens, la bière allemande, le riz chinois, la salsa cubaine, le cacao ivoirien, la rumba congolaise, les lions indomptables camerounais, la kora malienne, Bush texan... et tutti quanti latin.

Mon propos n'est pas d'affirmer que ces enseignements sont immuables, au contraire, il y a bien eu plusieurs tentatives de récupération fructueuses qui ont modifié nos attitudes et nos perceptions. Mais la culture populaire demeure la plus forte. Les jeunots qui ne jurent que sur les pas de danse de Usher ou Chris Brown ne pourront pas effacer les pas de Michael Jackson de la mémoire de leurs ainés : c'est une vérité immuable.

Maintenant parlons des tentatives de récupération de ces enseignements par nos agences locales pour le compte de leurs clients non moins locaux.

Pelforth (brune)
Il y a 2 ou 3 ans, une campagne faisait grand bruit.
Pas tellement parce qu'elle débordait d'originalité et de force conceptuelle, mais surtout parce qu'elle surprenait à plus d'un titre :
1. Pelforth est une marque de bière blonde bien connue du public. Elle a tout simplement disparue. Tout comme Doppel, Top Champagne, Doppel, Panache, Orangina ou peut être Millenium.
2. Pelforth revient donc au Cameroun, avec ses habits noirs. Et personne n'ose faire preuve d'honnêteté pour relever ce point qui me semble essentiel? La culture populaire n'est pas anmésique, cette culture s'applique aussi aux Camerounais. Même les plus saouls doivent savoir que Pelforth leur a été présenté d'abord comme une bière blonde avec un design de bouteille bien particulier et que même elle renaît de ses cendres, après un long silence, il est de bon ton de préciser qu'elle est désormais brune, même si le design (un peu trop simplet) de la bouteille a changé.
3. Impossible n'est pas Camerounais. Encore un héritage de la culture populaire laissé par un glorieux chanteur à la gloire de l'épopée glorieuse des Lions Indomptables entre 1969 et 1988? Beau travail de fouille, mais je m'intérroge, a-t-on versé ses droits à cet auteur? Ok, c'est un peu délicat, si ça se trouve, il n'a pas créé ce claim, mais il a participé à le populariser dans un contexte où nos valeureux Lions Indomptables étaient les rois des stades en Afrique.
4. Soyons sérieux tout de même. Les Camerounais ont-ils une tradition brassicole avérée à tel point qu'il faille le clamer si haut et si maladroitement. Le seul maître brasseur camerounais est bien Kadji. Ce dernier est tellement fier de sa mixture qu'il lui a donné son nom. Voilà un positionnement qui se jsutifie. Un laborantin grisonnant ne sera jamais un maitre brasseur.


La camerounaise
Ce n'est pas un peu trop cheap d'affubler une farine d'un nom aussi "lourd" de sens pour beaucoup d'entre nous? Je sais pas si nous avons une longue tradition de minoterie derrière nous pour mériter une telle appropriation. Pour ceux d'entre vous qui n'avez pas vu le film TV, vous n'avez rien raté : un ramassis de plans larges et de cut qui déroutent les spectateurs et consommateurs avertis. Un jeu d'acteur très approximatif qui jette le discrédit sur un produit qui tend à se forger une image. Ok, nous Camerounaises et Camerounais kiffons les beignets de farine façon grand-mère que l'on vend dans les ruelles les plus poisseuses de nos quartiers ou aux carrefours les plus poussiéreux de nos villes. Mais bon... Est-ce vraiment intéressant de nous enfariner tous à ce point? King, une pseudo bière prestigieuse a tenté de se parer des habits aux couleurs vert-rouge-jaune nationales. La censure a brisé net cet élan médiocre. Les maitres-inquisiteurs ont certainement été dégoûtés par la saveur approximative de cette mixture, il faut le dire, créée par un maitre-brasseur camerounais. La bière, c'est finalement pas notre truc à nous les Camerounais. On préfère en boire à n'en plus finir au plus grand plaisir de vrais maitres-brasseurs.


Un autre enfarineur est sorti des bois récemment pour nous clamer tout haut la qualité supérieure de son produit. Une qualité supérieure à plusieurs gammes? Standard, Premium, Excellence? En tout cas, l'affiche ne brille pas par sa qualité supérieure. Cet impératif de toujours tout vouloir montrer sur un seul support tue la force conceptuelle de la plupart des communications publicitaires. Ce qui est marrant, c'est la mention VU A LA TV? Si vous n'avez pas vu le film TV Cordon Bleu, vous n'avez rien raté non plus. Encore un travail de dépoussiérage malheureux parce que mal exécuté encore.

mercredi 4 février 2009

C'est pas sorcier...


Total Quartz.

Une exécution créative comme on aime. Comme quoi, on aura tout appris des brasseurs.

Gros plan sur le produit (75% de l'espace occupé).

Une accroche qui percute (même si c'est un exercice très difficile pour les CR).

Un arrière plan juste pour faire joli (avouez qu'il faut toujours se munir d'une loupe pour voir cet arrière plan pour ceux des cerveaux qui n'ont pas l'hémisphère droit assez spongieux pour absorber les détails périphériques).

Et enfin le bloc signature + logo.

Mais où est donc passée la signature de l'agence qui naguère s'occupait totalement de notre chère marque?

lundi 2 février 2009

Nos artistes ont-ils du talent?



Soyons sérieux tout de même.

Ce weekend, on voyait déjà sur les murs sales de nos rues, des affichettes 40x60cm annonçant le énième opus musical de notre cher Dina Bell.

Le grand Bazor, fidèle à son look de toujours nous promet un "rebirth" qui scelle le retour d'un grand nom de la chanson camerounaise. Mais alors, avec quels moyens? Pourquoi les espaces de communication des artistes se limitent-elles au sempiternel 40x60cm posé ça et là sans grande conviction? Sans même aucun égard pour ce la gallete musicale de Dina Bell promet?

Les chanteurs souffrent de vendre leurs oeuvres dans les règles de l'art. A croire qu'ils ne peuvent pas émerger sans le concours des sponsors. Franchement, comment expliquer cette dychotomie entre l'activité des "sponsors" et les produits auxquels ils associent leur image (il ne faut pas s'y tromper... dans 90% des cas, les sponsors ne savent même pas que leurs logos sont outrageusement utilisés dans les affichettes de lancement des albums). Quand on pense qu'ils sont obligés de casquer d'énormes sommes pour figurer sur les playlists des radio et TV, on ne peut que constater la triste réalité de le condition de chanteur.

Où sont-ils ces chanteurs qui nous faisaient rêver au-delà des mélodies ambianceuses et mélancoliques qui berçaient notre quotidien d'antant?

Ben Decca a présenté "C'est tout moi" au Sawa, il y a quelques semaines, à grand renfort de sponsor et même de pub. Rarement, on n'avait vu un artiste lancer la présentation de son oeuvre sur les 4x3m, Banderoles de Rue et même un publi TV after-event. On aurait attendu une démarche similaire de la part de Bazor dont le retour était, je le pense, aprement attendu.

Nos artistes ont du talent certes, mais ils sont encore dans le maquis côté communication.