jeudi 31 décembre 2009

Encombrement Optimal






Douala.

Nous sommes le 24 décembre 2009.
Après près d'un mois d'absence, je retombe dans la frénésie publicitaire tous azimuts à laquelle sont habitués tous les habitants de cette cité grouillante de monde.
Le ton est donné dès l'aéroport où Ecobank et Orange rivalisent de "présence" sur le long corridor qui mène au poste d'identification. Un bon point pour Ecobank qui au moins nous gratifie de la présence d'un distributeur automatique (qui j'espère est en état de marche).

De l'aéroport à mon quartier, je fais plus d'une heure de route à cause des embouteillages. Et ça me permet de m'en mettre plein les yeux. On voit du bon, du moins bon et malheureusement le pire aussi.

A la vielle de 2010 MTN réchauffe son offre World Cup 2010 juste quelques semaines avant l'offre initiale qui nous vendait un pack à moins de 10 000F. D'ici à juin 2010, faut s'attendre à une autre série de matraquages promo dans cette même veine. Au passage, on a le plaisir de découvrir l'offre Orange qui enfin tire profit de son sponsoring de la CAN pour lancer une offre tarifaire à 89F/la minute sur le réseau Orange, un petit clin d'oeil à MTN qui annonçait en novembre son plan tarifaire "lutte contre la pauvreté" à 99F/minute vers tous les réseaux.

Viennent s'ajouter à la fête de l'affichage Le Gicam avec sa très sympathique campagne contre la contrefaçon qui semble tomber à point nommé en cette période phare de fin d'année où les ventes des produits contrefaits grimpent en bloc. La TV aussi n'est pas mal, avec le style testimonial. Reste plus qu'à espérer que la fréquentation du marché Congo et du lieu-dit Dubaï à Akwa, où les produits contrefaits font le bonheur des vendeurs et des clients, baissera substantiellement. Au-delà de la sensibilisation, il y a l'action à mener sur le terrain afin de mieux toucher ceux-là qui vont vers les contrefacteurs pour des raisons économiques, de pouvoir d'achat comme dirait l'autre.

Difficile aussi de rater France 24 et autre RFI qui affichent leur fréquence. Le monde des média internationaux est en crise et il faut lutter pour conserver un audimat qui puisse justifier le maintien du
business model des média d'information. Difficile non plus de rater la nouvelle campagne Booster qui nous propose plusieurs arôme de son breuvage très alcoolisé en appelant à notre soif d'originalité. Rien de bien original au fond mais une campagne fraîche qui nous change un peu de la thématique "bateau" qui caractérise les campagnes des autres produits brassicoles. Top pourrait être de la même veine avec ses bonshommes de toutes les couleurs qui ressemblent étrangement à ceux qui poussaient la chansonnette "We Will Rock You" dans une pub Evian.

Et puis viennent les immanquables distributeurs de la veine de Arno, Tsekenis, Skt, Orca, Mahima, Wrangler qui à coups de "Joyeux Noël et Bonne Année 2010" rappellent bien qu'ils ont achalandé leurs rayons pour assouvir la folie dépensière qui nous anime tous en cette période phare, où le temps d'une semaine ou deux, on oublie combien le mois de janvier risque d'être douloureux. Autres immanquables ce sont les organisateurs de concerts qui sortent de la brousse pour proposer tous types de spectacles qui se ressemblent comme deux gouttes d'eau. A côté des concerts promettant des têtes d'affiche à la stature internationale dont on sait qu'ils ne viendront pas, on nous offre des spectacles musicaux qui ont tous un dénominateur commun, le lieu : Douala Bercy. Pour ceux qui ne peuvent pas s'offrir le Bercy, il y a les boites de nuits dans lesquelles les spectacles sont couplés à des soirées dédicaces. Où sont-ils ces organisateurs de spectacles improvisés au courant de l'année pour décider de participer à l'encombrement de nos cités sous le prétexte de la fin d'année. Grosse déception c'est le festival "Ba-Doul" que les organisateurs vont camper à la Place du Gouvernement. A croire que la Communauté Urbaine de Douala a voulu un public sélect. Et à voir les images à la TV, on voit que le public a boudé le pendant du Ya-Fé à Yaoundé. Un lieu comme Camtel a Bépenda aurait été des plus indiqués.

Enfin les tristes.
Les banques, on ne le sait que trop bien n'ont que du crédit à vendre aux Camerounais. Interrogez-les sur la qualité de service et surtout leur promptitude à répondre à vos requêtes et réclamations. Elles sortent du maquis seulement pour vendre leur foutu crédit avec des promesses effarantes sur le taux de remboursement. Gros bravo à la Société Générale qui ne sait trop rien faire de ses milliards de liquidités que les remettre sur une table de poker pour en engranger de bénéfices sur le dos des consommateurs alors qu'on se serait attendue à ce qu'elle soutienne la culture, l'éducation ou les oeuvres de bienfaisance. On s'étonne de ne pas voir la BICEC - Banque Populaire qui a trusté ce thème du crédit et l'a réduit à sa plus simple expression.
Société des Eaux Minérales du Cameroun (SEMC). Non mais de qui se moque-t-on? Seulement avec le produit Tangui, la SEMC brasse des milliards de francs et en prime pollue nos villes dans la mesure où aucun plan de recyclage des emballages plastiques n'est entrevu. Alors Tangui, nous offre un rebuts du publicité indigne d'une eau minérale. Comme quoi, l'image de nos valeureux Lions Indomptables mérite que des spécialistes s'y penchent pour en codifier l'exploitation. Ce n'est pas parce qu'on est sponsor d'une équipe nationale de football qu'on en fait n'importe quoi quand il s'agit de communiquer dessus.
ACMS. Le préservatif féminin Protectiv pour les femmes qui prennent les choses en main. Ah oui, faut vraiment avoir envie de prendre les choses en main pour l'utiliser au quotidien ce Protectiv surtout si on peut le garder sur soi pendant des heures avant tout rapport sexuel. Bref aucun jugement hâtif sur le produit et son packaging mais alors, cet affichage-là, c'est n'importe quoi. Elle comporte tellement de défauts qu'on peut ce dire que c'est un affichage pour rien: traitement de la photo, mise en avant du produit. Pour faire bête, un préservatif aussi grand, c'est pas commode à transporter. De toutes les façons, on ne peut pas attendre mieux des ONG qui opèrent sur notre territoire. Les fonds alloués pour une opération publicitaires servent à enrichir ceux qui sont chargés de les mettre en oeuvre. Ils organisent des appels d'offre de façade qui ne servent qu'à justifier un processus de sélection truqué.

Que peut-on espérer de 2010? Une réplique parfaite de 2009? Ou juste une évolution palpable dans les idées marketing. A l'instar de Western Union qui nous a servi une promo "mutualisée" avec Tsekenis ou encore comme Coca-Cola qui a proposé un mécanisme inédit permettant de gagner directement des crédits de communication. Malta Guinness a innové avec le street dancing qui a encore permis de révéler un groupe de jeunes danseurs camerounais à l'échelle internationale. Nescafé a enfin pu, dans le cadre de Nescafé African Revelation, porté le groupe gagnant au sommet avec un clip vidéo à la clé tourné par Trace et diffusé sur Trace TV. Guinness nous a embrouillé avec sa promo worldwide sur la célébration de ses 250 ans en faisant croire que des camerounais pouvaient gagner une place au concert de Blak Eyed Peas. L'entreprise profite toujours du flou pour proposer des promos qui n'ont ni tête ni queue, où les centres de distributions cachés dans la ville sont les seuls endroits où les gagnants peuvent faire valoir leur gain. MTN surfant sur la vague Coupe du Monde a commencé ses promo depuis 2008 et quand saurons-nous enfin qui ont gagné leur place pour cette chimère? Alors que le public, pour y croire ne demande qu'à savoir, à ce stade, qui sont ceux qui ont déjà gagné leur ticket pour l'Afrique du Sud. Maggi tente vainement de présenter la femme à la cuisine sous un angle plus moderne et retombe malgré tout dans ses vieux clichés. Orange qui tarde à re-prendre le dessus sur MTN et se contente de réagir. Ringo qui nous a montré non niveau d'agressivité en terme d'offre et de communication même si la qualité de service n'a pas toujours suivi. Tradex qui au final n'a rien produit de bien vendeur ni en terme de communication ni en terme d'innovation produit. Quant à la marque Azur, elle s'est uniquement contentée de rafraichir sa communication sur son huile tout en se passant un savon. Mais le film TV alors, quelle tristesse?

Les grands absents de l'année: les organismes étatiques qui ont vraiment besoin des spécialistes de la com à leur chevet au lieu simplement de taxer les annonceurs qui ont exposé à Promote sans avoir requis les services d'une régie publicitaire, Chococam, AES Sonel, CDE, Socapalm, etc.