mercredi 15 septembre 2010

Le brand content au secours de la culture?

Au commencement était le verbe et le verbe s'est mué en chanson avec l'aide des instruments de musiques.

Au milieu était également la Socinada et le Fodic qui tant bien que mal finançaient respectivement la musique et le cinéma camerounais.

Comme toute belle aventure avec ses hauts et ses bas, il y a un déclin qui mue en extinction complète si rien n'est fait.

Aujourd'hui, il relèverait de l'hérésie que de parler du cinéma camerounais. Au moment où on célèbre le cinquantenaire de ce cher et beau Cameroun, nos 50 ans de cinéma n'ont que 5 films (Tam tam à Paris de Sita Bella - années 60 et 70, Muna Moto de Dikongue Pipa - années 70 et 80, Les Coopérants de Arthur Si Bita - années 80 et 90, Quartier Mozart de Jean Pierre Bekolo - années 90 et 2000 et enfin Confidence de Cyrille Masso - années 2000 et 2010) pour témoigner de notre long parcours culturel (stérile?). Côté musique, les beaux jours où le makossa trônait sur le continent dans les années 80 sont révolues... Place aux sons et songs from West Africa avec en tête la déferlante découpé-calé-décalé-coupé de toutes sortes avec les atalaku/salamalecs qui vont avec. Depuis le boom lancé par les Magic System, il n'y a pas que la place parisienne qui est conquise. Quand les vibes d'origine africaine sont mixés par les DJ de la trempe de Bob Sinclar, les songs de Youssou N'dour restent relégués dans le rayon World Music. Nos amis Ivoiriens sont talonnés (ou, selon les zones d'influence, devancés ) par nos Naija friends du style Jay Martins.

Comment nos artistes chanteurs musiciens ont pris le train de la survie qui se mue bon an mal an en succès populaire? Au début des années 90, un phénomène inauguré par Koffi Olomidé va bouleverser les mélomanes d'Afrique Centrale et même du monde : la citation des noms. Il se raconte que la citation des noms dans les chansons qui plus tard allaient devenir des hits (justement parce que les noms sont cités : toute personne dont le nom était cité se devait d'acheter sa cassette audio, son disque vynil et aussi le CD audio qui faisait ses premiers pas sur nos marchés). On achetait le support pour écouter son nom ou pour écouter les noms des personnes qui nous étaient familiers. Et puis un jour, Petit Pays utilisa le filon et force est de reconnaitre aujourd'hui que cet artiste a su maintenir intacte sa popularité jusqu'à devenir le chouchou des annonceurs les plus puissants du triangle national s'il ne faut citer que PMUC et les Brasseries du Cameroun. Aujourd'hui encore, les noms des people de la politique, de l'administration, du divertissement, des affaires et du sport incrustent à foison les compositions musicales makossa, bikutsi, assiko, bendskin et j'en passe. Petit Pays a poussé la "créativité" plus loin en faisant danser les mélomanes rien qu'avec R-O-B-O-C-O-P!!!

Bien avant que la planète des communicants et marketeurs de tous bord s'extasient aujourd'hui sur le brand content ou contenu de marque, le Guide Michelin était à fond sur le créneau. Bien avant que l'Afrique ne prenne le relais de la déferlante brand content, nos chanteurs étaient sur ce créneau somme toute engageante et qui suscitait des réactions qui sont du domaine de la parole. A contrario du spot radio, du 4x3m et ses avatars ou du film TV unidirectionnel focalisé sur le discours de la marque, nos chansons people ne servaient pas qu'à nous trémousser mais à nous faire parler, nous extasier, nous interroger.

Demain, nos productions musicales audio et vidéo intégreront les marques de tous les jours dans leur conception. La marque gagnera un nouveau terrain d'expression qui relève soit de la culture ou du divertissement. La marque sera plus utile au niveau de sa perception que mercantiliste.

Ainsi, Alphonse Béni qui s'enfonce et enfonce le soi-disant cinéma camerounais dans les méandres de l'oubli ne sera plus seul. Une marque pourrait favorablement influencer la qualité de ses films. Attention, il ne s'agit pas pour la marque de s'incruster au point de détruire tout élan créatif, mais de jouer la carte de la subtilité pour ne pas pas agresser l'audience. Ainsi, nos artistes producteurs de vidéo clip ne nous serviront plus des rebuts de plan fixe, fond animé et autres montages dégueulasses. Ainsi au lieu d'embêter les annonceurs pour les sponsoring à n'en plus finir, les producteurs et autres prometteurs de contenu éditoriaux pourront solliciter une partie des budgets marketing et les consacrer dans un processus de création qui a l'unique avantage de vivre dans le temps car toute œuvre créative n'est jamais perdu. Les marques sont plus que jamais dans une logique atemporelle que les artistes et producteurs peuvent leur fournir...

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