vendredi 6 février 2009

Crise identitaire?


La culture populaire nous enseigne des tas de trucs indélébiles que nulle publicité ne saura effacer. A moins de se lancer dans une longue bataille ruineuse qu'on gagnerait certainement au bout de 2 à 3 générations. C'est un peu comme si on rasait un cimetière pour y bâtir des logements en espérant que les gens accouraient. Seigneur, habiter sur un cimetière?

Entre autres ce que nous enseigne la culture populaire, on note par exemple que le bon scotch est écossais, le croissant et même la gastronomie raffinée (vin, moutarde, champagne) sont bien français, Coca-Cola est américain, l'horloge est suisse, la corrida est espagnole, le foot et le pudding sont anglais, le spaghetti ou même la pizza sont italiens, la bière allemande, le riz chinois, la salsa cubaine, le cacao ivoirien, la rumba congolaise, les lions indomptables camerounais, la kora malienne, Bush texan... et tutti quanti latin.

Mon propos n'est pas d'affirmer que ces enseignements sont immuables, au contraire, il y a bien eu plusieurs tentatives de récupération fructueuses qui ont modifié nos attitudes et nos perceptions. Mais la culture populaire demeure la plus forte. Les jeunots qui ne jurent que sur les pas de danse de Usher ou Chris Brown ne pourront pas effacer les pas de Michael Jackson de la mémoire de leurs ainés : c'est une vérité immuable.

Maintenant parlons des tentatives de récupération de ces enseignements par nos agences locales pour le compte de leurs clients non moins locaux.

Pelforth (brune)
Il y a 2 ou 3 ans, une campagne faisait grand bruit.
Pas tellement parce qu'elle débordait d'originalité et de force conceptuelle, mais surtout parce qu'elle surprenait à plus d'un titre :
1. Pelforth est une marque de bière blonde bien connue du public. Elle a tout simplement disparue. Tout comme Doppel, Top Champagne, Doppel, Panache, Orangina ou peut être Millenium.
2. Pelforth revient donc au Cameroun, avec ses habits noirs. Et personne n'ose faire preuve d'honnêteté pour relever ce point qui me semble essentiel? La culture populaire n'est pas anmésique, cette culture s'applique aussi aux Camerounais. Même les plus saouls doivent savoir que Pelforth leur a été présenté d'abord comme une bière blonde avec un design de bouteille bien particulier et que même elle renaît de ses cendres, après un long silence, il est de bon ton de préciser qu'elle est désormais brune, même si le design (un peu trop simplet) de la bouteille a changé.
3. Impossible n'est pas Camerounais. Encore un héritage de la culture populaire laissé par un glorieux chanteur à la gloire de l'épopée glorieuse des Lions Indomptables entre 1969 et 1988? Beau travail de fouille, mais je m'intérroge, a-t-on versé ses droits à cet auteur? Ok, c'est un peu délicat, si ça se trouve, il n'a pas créé ce claim, mais il a participé à le populariser dans un contexte où nos valeureux Lions Indomptables étaient les rois des stades en Afrique.
4. Soyons sérieux tout de même. Les Camerounais ont-ils une tradition brassicole avérée à tel point qu'il faille le clamer si haut et si maladroitement. Le seul maître brasseur camerounais est bien Kadji. Ce dernier est tellement fier de sa mixture qu'il lui a donné son nom. Voilà un positionnement qui se jsutifie. Un laborantin grisonnant ne sera jamais un maitre brasseur.


La camerounaise
Ce n'est pas un peu trop cheap d'affubler une farine d'un nom aussi "lourd" de sens pour beaucoup d'entre nous? Je sais pas si nous avons une longue tradition de minoterie derrière nous pour mériter une telle appropriation. Pour ceux d'entre vous qui n'avez pas vu le film TV, vous n'avez rien raté : un ramassis de plans larges et de cut qui déroutent les spectateurs et consommateurs avertis. Un jeu d'acteur très approximatif qui jette le discrédit sur un produit qui tend à se forger une image. Ok, nous Camerounaises et Camerounais kiffons les beignets de farine façon grand-mère que l'on vend dans les ruelles les plus poisseuses de nos quartiers ou aux carrefours les plus poussiéreux de nos villes. Mais bon... Est-ce vraiment intéressant de nous enfariner tous à ce point? King, une pseudo bière prestigieuse a tenté de se parer des habits aux couleurs vert-rouge-jaune nationales. La censure a brisé net cet élan médiocre. Les maitres-inquisiteurs ont certainement été dégoûtés par la saveur approximative de cette mixture, il faut le dire, créée par un maitre-brasseur camerounais. La bière, c'est finalement pas notre truc à nous les Camerounais. On préfère en boire à n'en plus finir au plus grand plaisir de vrais maitres-brasseurs.


Un autre enfarineur est sorti des bois récemment pour nous clamer tout haut la qualité supérieure de son produit. Une qualité supérieure à plusieurs gammes? Standard, Premium, Excellence? En tout cas, l'affiche ne brille pas par sa qualité supérieure. Cet impératif de toujours tout vouloir montrer sur un seul support tue la force conceptuelle de la plupart des communications publicitaires. Ce qui est marrant, c'est la mention VU A LA TV? Si vous n'avez pas vu le film TV Cordon Bleu, vous n'avez rien raté non plus. Encore un travail de dépoussiérage malheureux parce que mal exécuté encore.

1 commentaire:

Vos avis sont les bienvenus. Vous participerez à améliorer la façon dont les annonceurs s'adressent à vous.