mardi 21 avril 2009

Le missionnaire



J'étais à une soirée de mariage samedi dernier dans le restau d'un hôtel niché à Bonamoussadi durant laquelle un humouriste bien connu de la place pérorait sur la position du Pape Benoît XVI vis-à-vis de l'utilisation du préservatif. Il a fallu plus de deux interventions du public pour que tout le monde finisse par comprendre (dans un rire étouffé) que sa papauté a adopté la Position du Missionnaire.

Sans rire, nous vivons une drôle d'ère. Celle de l'évangilisation tous azimuts des ouailles camerounaises. Nouveauté de taille, la mise à contribution des média. Comme si les pourfendeurs de la mondanité ont trouvé la bonne formule pour atteindre les mondains. Fatigués d'évoluer dans leur propre ghetto, à l'abri de la souillure de ceux qu'ils ont honni parce qu'ils affichaient un mode de vie en non-conformité avec la parole, ils sortent peu à peu de "la captivité de leur propre négativité" pour distiller cette captivité en masse et semer les graines du doute et de désespoir dans un monde apocalyptique.

On ne jure que par Dieu maintenant. Le God-Business marche à grand pas vers le Cameroun. Ahjourd'hui, la popularité de Emmanuel TV ne fait l'ombre d'aucun doute. Dans les chaumières, les séance d'exorcisme du "Man of God" Josuah, mobilise du monde. Tant pis si les images sont trash, de mauvais goût et proprement dégoûtantes.

Les églises réveillées prolifèrent et font leur nid dans les quartiers populaires où vivent péniblement les laissés-pour-compte d'une société où les élites sont mondialement connus et reconnus par leur penchant pour la corruption et le détournement des deniers publics. Leurs prometteurs sont sortis des bois, se sont affranchis économiquement et peuvent désormais tutoyer les annonceurs classiques : ah oui, ils savent ce qu'on appelle achat d'espace, ils commencent à maîtriser le ciblage et le mapping afin de mieux toucher les personnes ciblées, ils produisent des spots TV, des spots radio. Ils possèdent des stations radio et bientôt des chaines TV viendront compléter la panoplie du parfait "Wealthy Man of God."

Aujourd'hui, on voit sur les panneaux routiers 4x3m des messages du genre "Que Dieu Bénisse le Cameroun," On lit des banderoles du même acabit qui barrent nos routes : peu importe les erreurs de syntaxe, les fautes grossières d'orthographe, les lacérations de la langue française. Tant que Dieu n'est pas mal écrit, le message passe.

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