jeudi 29 janvier 2009

Douala - Bercy



Le 7 février 2009, Douala - Bercy ouvrira ses portes en fanfare. Ticket d'entrée : 2000FCFA.

Prétexte : Les rappeurs camerounais au chevet d'Erico, le grand djomboss!

Reason-to-believe : La totalité des recettes seront versées au chanteur pour assurer sa convalescence des suites d'un grave accident de la circulation survenue en août 2008.

Et puis, il y a Western Union, qui apporte sa caution à l'évènement. On verra bien comment cela va se traduire en action marketing.

Bref, après Jo Patenzo et bien d'autres, les rappeurs camerounais se mobilisent pour voler au secours d'un talent prometteur de la musique du mboa. C'est dire combien la culture, ou du moins ce qui en reste, est un cul-de-sac pour ceux qui veulent y faire carrière. Les artistes se défoncent pour concevoir et produire des oeuvres de l'esprit qui se vendent bien sur les ondes radio et TV hertziennes et tellement mal sur CD ou DVD. Oui, on va encore décrier la piraterie, ce grand mal qui tue la culture.

A se demander si les artistes dont on connait leur talent à haranguer les foules sont incapables de gagner leurs fans à leur cause, incapables de convaincre les autorités administratives à livrer bataille avec eux, incapables de se remettre en question eux-mêmes pour se sortir de cette panade. On organise bien des descentes spectaculaires sur le terrain pour saisir des stocks de CD ou DVD pirates et les livrer aux flammes purificatrices de la légalité, mais la chienlit repousse, encore plus robuste et plus sournoise. Que reste-t-il donc aux artistes sinon la solidarité. Une solidarité qui permet de recuillir des fonds pour une cause "juste". Le filon est bien trouvé : s'appuyer sur la popularité de Eriko pour organiser un concert constitué de quelques rappeurs en mal de popularité?

Il faut se l'avouer, le rap du mboa a encore du mal à faire partie de notre pop-culture locale dont les papesses actuelles sont Lady Ponce et Majoie Ayi entourées de quelques évèques comme Tanus Foé (mais qu'est ce que c'est? c'est le mbit!!) ou Aïjo Mamadou. Exit le Makossa (les nostalgiques n'ont quà aller chialer aux Mélodies d'Antan). Le Bend-skin ou le Mangambeu font la résistance. Le rap, cherche encore sa voie, sa voix semble avoir du mal à porter dans cet univers cacophonique. Peut être faut-il lancer le rap porno soft?

La semaine dernière, le mytique Temple de la Culture s'éteignait dans l'indifférence totale. La dernière salle de cinéma d'une métropole de plus de 2,5 millions d'habitants a passé l'arme à gauche. Le Cinéma Le Wouri n'attirait plus grand monde. Dieu merci, ce n'est pas faute d'avoir communiqué. Ah oui, Le Wouri, c'est un peu comme Renault en France pour les média camerounais. Réclame radio et même émission TV pour la programmation ciné. Il est bien loin, le temps où Cinénews battait tous les records d'audimat.

Seulement, Le Wouri a aussi cessé d'évoluer avec son temps, sans faire attention aux signaux du marché, ni même aux nouvelles habitudes de consommation de la TV et de l'image. Le Wouri a refusé de se battre pour montrer aux spectateurs que le cinéma est un plaisir unique que ni la TV, ni la vidéo ne pourra égaler. Le Wouri n'avait qu'un écran géant, son son dolby, ses sièges, sa ventilation poussive et son site de moins en moins sûr. Le Wouri a laissé sa cour à la merci des enfants de la rue les plus aggressifs du Boulevard de la République. Ces taxeurs comme on dit, qui voulaient aussi avoir leur part de l'entertainment business.

Aller au cinéma aujourd'hui ne se confine plus qu'à voir un film et des bandes annonces. Il y a des éléments d'attraction et d'attractivité qui renforce le plaisir d'aller voir un film. Pour un couple, aller au cinéma Le Wouri, revient à débourser 5000FCFA au moins. Y a le taxi A/R, il faut bien grignotter quelques chose à l'entracte et garder quelque pièce aux taxeurs qui en plus de harceler exigeaient un tarif précis. A côté de cela, des DVD (oui, piratés, et alors?) se vendent comme du petit pain à 1500FCFA et parfois 1000FCFA. Le Wouri a refusé de se rendre compte de la percée des cablô-opérateurs. Le Wouri a nié l'évidence de l'équipement des foyers en lecteurs DVD. Le Wouri a résolument refusé de se remettre en question pour évoluer avec son temps. Le Wouri a été lâché par les autorités administratives chargées de la culture (quelle culture? Celle de l'occident? Hollywood nous berne depuis des lustres). Même Orange de s'y est pas trompé.

Au moment où la fermeture du cinéma Le Wouri scelle définitivement la mort du grand écran dans cette ville, la salle de spectacle Douala-Bercy ouvre-t-elle une ère des concerts grand public comme on les aime?

Wait and See.

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